À la réunion de lécovillage
du mois de mars, javais proposé de fonder
un SEL, un Système dÉchanges Locaux,
entre nous, afin dexpérimenter une nouvelle
façon déchanger des biens et services,
alternative au monde actuel. On ma donné
comme devoir de me documenter là-dessus, cest
ce que jai fait
voici le résultat de
mes recherches
Lidée des SEL a germé dans la tête
de Michael Linton dans les années 80, un résident
de lIle de Vancouver qui en avait assez de voir
tant de gens réduits à linactivité,
sans argent, alors quils avaient tant de savoir
à partager, tant de compétences à
offrir. Il a intitulé ça LETS : Local
Exchange Trade System. Depuis, plus de vingt mille (20
000) personnes dans le monde utilisent ces genres de systèmes,
à travers plus de trois cents (300) groupes. Linton
a même écrit un bouquin à ce sujet,
LETS Design Manuel. Il préconisait
des échanges alternatifs avec une monnaie différente
de la monnaie courante (pour ne pas que les rechercheurs
de profit puissent jouer avec les systèmes), mais
ayant une valeur relativement égale, pour éviter
la confusion. Il ne voyait pas ça comme une alternative,
mais comme un ajout. Les règles établies
se limitaient à: pas de propriétaires (un
Conseil dadministration (C.A). élu démocratiquement
parmi les membres du SEL), pas dobligation déchanges,
pas de tricherie (rapport de confiance), pas dintérêts.
Jai fait le tour sur Internet de différents
groupes dans le monde, particulièrement en France
et aux Etats-Unis. Je sais quil existe des SEL au
Canada (réseau MULTILETS ou INTERSEL) et au Québec,
un à St-Georges de Beauce, un en Gaspésie,
mais leurs sites nétaient pas disponibles-
je vous encourage à aller voir. Il y a aussi un
Guide Ressources vieux de deux (2) ans dans lequel on
en parlait et on donnait toutes les adresses des SEL au
Québec. Je vais vous faire un résumé
des différents groupes que jai étudiés.
Il est difficile de résumer les fonctionnements
des SEL puisque -comme il est dit sur le réseau
des SELidaires en France (voir adresses Internet en bas)-
TOUS LES SELS SONT DIFFÉRENTS, CHAQUE SEL NE REPRÉSENTE
QUE LUI-MÊME puisquautogestionnaire et non-centralisé.
Mais
cest quoi un SEL, au juste ?
Un Service dÉchanges Locaux, cest un
système associatif permettant à un groupe
dune même zone géographique plus ou
moins grande, déchanger des services, des
savoirs, des biens, avec une comptabilité en unités
locales. Lidée de la Bourse dÉchanges
Locaux Libres et Équitables (BELLE), en France,
résume bien selon moi le pourquoi de cette alternative,
et correspond aux autres raisons que jai trouvées
ailleurs :
- Faire prendre conscience de la dimension humaine existant
derrière tous les échanges, en valorisant
les savoirs et le savoir-faire mal reconnus dans notre
société actuelle.
- Promouvoir la solidarité dans le cadre dun
développement local, grâce aux échanges
multiples des savoirs, services et biens.
Au pays de Romans (France) on lit :- Améliorer
la situation matérielle des moins fortunés,
avec des unités de valeur plus équitables.
Je retrouve aussi dans les chartes des SEL des notions
de convivialité, dhumanisme, de non-violence,
de respect des différences de religion et didéologie,
décologie (par exemple le SEL de Grenoble
parle de réduire la pollution liée au transport
avec du covoiturage organisé), déquité,
de non-recherche de profit, dautogestion, de responsabilité
individuelle (tous sentendent pour dire quils
ne jouent pas le rôle de police, que cest
à chacun davoir de lhonnêteté),
de transparence, de communication, de créativité
hum
ça me rappelle quelque chose!
Les offres et les demandes peuvent se faire pour un tas
de choses, en services et en produits. En Essone (encore
en France), on retrouve les catégories suivantes :
Maisons et jardin, Alimentation, Vêtements, Bâtiments,
Transports, Arts, Sports, Éducation, Informatique,
Soutien et Santé; les produits allant dun
appareil ménager au mobilier, de location de costumes
à la vente dun livre. Dans le Trégor
(en Bretagne), on parle de tartes aux fruits, de contes,
de cours de piano
nous, dans le SEL récemment
fondé à Rimouski, nous parlions de produits
de lherboristerie, de services de clown, de cours
de cithare, de soutien aux devoirs
Les unités déchange
On les nomme grains dorge, flocons, bigorneaux,
piafs, clous, noix, dans les différentes régions
de France, ou Time-Dollar, Ithaca-Hour aux Etats-Unis,
Tlaloc au Mexique, Heures, Grains de sels au Québec.
En France, ça varie entre 50 et 60 unités
par heure, sans que jaie vu de correspondance à
leur monnaie courante nationale. Un plafond est instauré,
qui varie entre 2000 et 3000 unités, dans le positif
ou le négatif. Ce plafond peut être changé
avec lapprobation du C. A. et doit être remboursé
(si dans le négatif) lorsquune personne quitte
le groupe.
Aux Etats-Unis, 1 Time-Dollar = 1 heure, ou bien il y
a correspondance avec la monnaie nationale : 1 Ithaca
Hour correspond à 10$, il y a des coupures pour
? h, (5 $), ? dh (2,50 $), ou 2 h (20 $). Au Mexique,
le groupe Altra Balsa des Valores (ABV) a pour unité
1 tlaloc = 1 heure, ou 25 pesos. Pour les produits, on
peut payer une partie en pesos, mais au moins 10 % doit
être donné en tlalocs, idée que je
trouve fort intéressante. Un bon déchange
donne le droit à dix (10) transactions, après
on échange le bon contre un nouveau.
À Rimouski, on na même pas de billets,
on échange tout simplement en heures avec un plafond
de 15 heures. Une question soulevée : si le
matériel est plus coûteux (par exemple en
dentisterie) ou le travail demande préparation
(thérapies diverses)? Le groupe ABV fonctionne
avec une valeur pouvant varier de 1 à 4 unités,
selon lentente faite entre les particuliers. À
Grenoble, les heures de préparation sont comptabilisées
dans les heures de travail. Quand lactivité
ne mobilise pas, les personnes à 100 % ( gardiennage
danimaux, transport), le taux horaire est plus faible.
Il est évident que tout est une question de bonne
volonté entre les les SELiens !
Fonctionnement
Gérer un SEL, ça demande quand même
du temps et de ladministration : gérer
les comptes doffres et de demandes, les adhésions
et les réadhésions, laccueil des nouveaux
membres, les informations, les locaux, les réunions,
les activités, les catalogues ou bulletins de liaison
entre les membres. La plupart des SELS ou des LETS ont
des journaux où sont écrits les offres et
les demandes, les divers ateliers, rencontres et fêtes
organisées entre les membres, les différents
comités dans lesquels on peut simpliquer,
et même pour certains, des articles traitant décologie,
de mondialisation, de petites annonces activistes. Nous
pourrions avoir une section SEL dans lÉcho
des Villages.
Les employés ne reçoivent pas de rémunération
en monnaie courante la plupart du temps (certains groupes
font des demandes de subventions gouvernementales pour
avoir de la permanence, comme à Paris où
il y a beaucoup de monde!), mais sont payés en
unités déchange. Par exemple, en Essonne,
cest 50 grains dorge/h. On encourage évidemment
le maximum de gens à participer aux tâches
administratives.
Dhabitude, un montant minimal est prélevé
à ladhésion, soit en monnaie courante,
soit en unités déchange. En Essonne,
ça varie de 60 à 120 francs, selon les revenus
de la personne et si cest une famille. À
Paris, cest 150 piafs, donc 3 heures 20 de services.
Aux Etats-Unis, à Ithaca, la cotisation est symbolique :
1 $ par an ! On voit aussi que certains groupes donnent
des unités au départ pour encourager les
échanges.
En Essone, cest la corne dabondance de 1000
grains dorge par année, à Paris 500
piafs. À Rimouski, on ne prélève
rien et on ne donne rien. Mais nous ne sommes quà
nos premières notes! Des membres des SEL sont élus
pour devenir membres du C.A. À Paris, ça
varie entre 5 et 13 membres dans un conseil, élus
pour un an. Dans la plupart des SEL, il y a des Assemblées
Générales des membres à chaque année.
Des résultats ?
À Ithaca, le marché dalimentation
GreenStar fonctionne en Ithaca Hours, ainsi quune
banque(ACU) et les fameux Ben and Jerrys. Un resto de
la place, Viva Taqua, a adopté cette unité
déchange et le Taco Bell (Mc Do simili mexicain)
a fermé! Dans dautres villes, avec le Time-Dollar,
les membres coopèrent avec les administrations
municipales, nationales, fédérales américaines.
Par contre, à la différence des européens
qui ont beaucoup de liens entre les membres, des activités,
des fêtes, aux Etats-Unis, en général,
il ny a que des contacts déchanges
dunités. Comme quoi il y a toujours place
à lévolution! Depuis mai 1996, à
Paris, il y a eu plus de 5000 échanges, et les
membres sont passés de 20 à 500!
Finalement
Ce que je vois là-dedans, cest la possibilité
détablir un système éventuellement
alternatif, basé sur le respect. À Grenoble,
une chose est soulignée que je trouve intéressante:
les règles, sil y en a le moins possible,
cest pour quon trouve du plaisir à
échanger, à négocier nos trocs !
À donner et à recevoir, en ayant toujours
la solidarité à lesprit (reconnaître
les moyens de chacun).
Référence:
http://francinet.free.fr