Dernièrement, j'ai absorbé en profondeur le
contenu du livre d'un médecin anthroposophe nommé
Dr. Mees, soit: La maladie, une bénédiction...
La guérison, un devoir.... La fusion de ce que m'apporte
ce bouquin, qui donne vraiment de l'intelligibilité
aux questions de la maladie, du traitement et de la guérison,
et de mes observations des rapports entre humains, animaux,
plantes et terre sur la ferme où je travaille, m'éclaire
sur le sens de la vie. Voici donc le fruit de mes vertes méditations...
D'abord, j'ai le vif sentiment d'être, à l'égard
du terrain cultivé, dans la même relation de
responsabilité et de créativité qu'avec
mon propre organisme. Créer un jardin c'est en quelque
sorte s'inspirer de l'enseignement qui transparaît dans
la nature pour ensuite entamer un processus de création
d'un monde. La qualité de l'écosystème
créé repose sur la qualité de l'esprit
de l'agriculteur et des actions qui en découlent.
Ainsi, avant la création d'un jardin, l'humain contemple
et perce de sa force connaissante les secrets des êtres
qui ont animé la nature hier, qui l'animent aujourd'hui,
où se manifestent leur puissance, leur sagesse et leur
beauté dans le monde. C'est en quelque sorte la fleur
de leurs oeuvres, la fin d'un cycle qui se dépose en
nous lorsque nous pensons l'harmonie de l'univers. Puis, lorsque
l'impulsion de création apparaît dans nos mains,
au moment où l'humain grave la face de la Terre à
partir de sa propre volonté originale, de son enthousiasme
moral, alors commence à germer la graine du devenir
d'un monde, la semence qui s'élance vers l'avenir.
Nous sommes les fondateurs du monde à venir.
Maintenant je voudrais faire un parallèle entre la
médecine et l'agriculture, pour mettre en lumière
notre immense devoir face à la santé du monde
entier, devoir d'une compréhension nouvelle de ce qu'est
une véritable guérison, dont les domaines concernés
ont tant besoin.
Le Dr. Mees explique clairement le sens de la maladie, dans
son livre. En gros, il dit que l'apparition de symptômes
est l'incorporation physique d'une déformation logée
dans le corps de forces constructrices (corps éthérique),
découlant de disharmonies au niveau de l'âme,
laquelle déformation deviendrait sinon, inhibiteur
pour l'évolution de l'être humain.
Ainsi l'homme, par son caractère, ses habitudes, son
tempérament, par tous les traits de sa nature, possède
des prédispositions pour diverses maladies, de la même
manière qu'il possède des talents pour tel ou
tel art, des affinités avec tel type de personne. L'apparition
d'un trouble physique est donc un signal d'alarme précis
qui indique un déséquilibre dans les forces
de l'âme et qui entame un processus de libération
de la cause obstructrice, lequel processus ne peut être
complété que par une pleine responsabilisation
de l'humain vis-à-vis son propre être. Accepter
cette idée comme vraie nous pousse à reconnaître
la déroute de la pensée scientifique moderne,
qui ne recherche aucunement les secrets du langage se manifestant
dans la maladie.
Le traitement symptomatique, c'est-à-dire l'élimination
des manifestations corporelles de la déformation par
la force de substances biochimiques, est le centre des recherches
et des traitements offerts par la médecine allopathique.
On ne veut pas entendre et comprendre le rôle vital
que joue la maladie (permettre aux troubles de l'âme
d'être reconnus dans leur vêtement physique pour
que l'humain les expulse consciemment de son propre être),
donc on cherche à "guérir" le physique
par le physique. On traite les maladies d'une façon
unilatérale, considérant qu'elles ne devraient
pas être (sans signification).
J'ai d'ailleurs eu l'occasion de discuter avec des jeunes
qui se sont fait dire, par un de leur professeur en sciences
au Cégep, que le seul moyen de libérer l'humanité
du virus du sida serait de brûler tous les humains qui
en sont affectés, puis ces jeunes répétaient
cela avec approbation. Il serait équivalent de dire:
"Les mains de plusieurs hommes commettent des crimes,
nous allons donc couper celles de tous ceux qui semblent susceptibles
de faire du mal avec leurs mains."
Dans la veine de recherches de remèdes miracles pour
vaincre la maladie, j'ai lu une publicité choquante,
créée par une fondation recueillant des dons
pour la recherche de traitements anti- sida. On y disait:
le sida tue nos amis, nos parents, nos enfants, nos artistes,
etc., etc., etc. - tuons le sida.
Or la pensée scientifique moderne est tellement ankylosée
qu'elle ne remarque même pas que ses démarches
elles-mêmes, qui proposent le combatde la maladie, fortifient
les causes spirituelles agissantes.
D'ailleurs, le fait que les humains ne se rendent pas compte
de comment se forment leurs pensées et de comment elles
agissent en retour dans la conscience, dans la pratique et
dans le corps, constitue la raison première de l'emprise
qu'a la maladie sur l'homme. Tant que celui-ci combat les
symptômes qui apparaissent comme une grâce prophétique
dans son organisme, la partie caractérielle, morale,
autonome, créatrice de son être demeure inchangée;
elle dépérit même, ainsi aucune guérison
réelle n'est possible.
Or dès que l'on apprend à lire ce qui se passe
entre les lignes des événements, on acquiert
la conviction que la nature même de la maladie, qui
est en réalité symptôme d'un déséquilibre
dans l'âme, est outil de croissance spirituelle. Il
faut d'abord vouloir grandir dans ce sens.
Pour dépeindre clairement la contradiction inhérente
à l'approche allopathique citée plus haut (vouloir
supprimer la maladie mais vivre dans un mode de pensées
et d'investigations qui est un élément capital
de l'origine des maladies dégénératives
comme le cancer), autant en médecine qu'en agriculture
modernes, je ferai appel à l'expérience, à
la sagesse du docteur Mees.
M. Mees décrit les maladies inflammatoires et les
maladies paralysantes, dégénératives
comme deux polarités. Les premières apparaissent
durant la jeunesse, elles étaient plus fréquentes
dans le passé (épidémies au Moyen Âge),
elles se manifestent par la chaleur, elles tendent à
libérer, à guérir d'une prédisposition.
Les autres atteignent plutôt la vieillesse, elles sévissent
sévèrement dans les temps modernes (cancer,
maladies cardio-vasculaires, paralysie, etc.), elles sont
stagnantes et froides et tendent vraiment à détruire
l'organisme physique (maladie incurable).
Ainsi, lorsque quelqu'un a un cancer, l'apparition de maladies
inflammatoires représente réellement l'implication
de forces guérisseuses, qui cherchent à ôter
de la densité à l'action paralysante qu'a le
cancer sur les fonctions du corps de vie. Mais les médecins,
trop souvent, dans cette situation, disent: "On ne peut
rien faire pour guérir la tumeur, mais on a tout de
même les antibiotiques qui peuvent réduire les
douleurs de l'inflammation"
De cette manière, bien que l'action du médecin
soit faite dans le désir d'aider, les chances de guérison
par incorporation d'une chaleur naturelle s'amoindrissent
et l'étouffement du corps malade s'agrandit. Il ressort
de ceci qu'il faut adopter une attitude différente
face à chaque forme de maladie.
Si la douleur contribue à la vraie guérison,
il faudra acquérir en tant qu'humains le courage de
se réapproprier nos propres forces de guérison
et de réalisation en comprenant et en surmontant les
difficultés qui se présentent sur notre route,
à tous les niveaux. Combattre les maladies (déficiences),
qui en réalité nous appartiennent, signifie
carrément se battre pour ne pas écouter ce qui
nous incite à nous transformer là où
c'est difficile de le faire, en imaginant que le mal a sa
cause hors de nous.
Pour revenir à mes réflexions sur l'agriculture,
je veux simplement dire ce qui suit. De la même manière
que le cancer, la monoculture chimique est en soi une maladie
dégénérative. Les sols qui sont cultivés
ainsi deviennent réellement impuissants et pauvres;
leur vitalité bactériologique est presque nulle.
L'apparition d'insectes "non-désirés",
comparable à l'apparition de maladies inflammatoires
dans l'organisme humain, est bien évidemment une forme
de langage qu'il faut apprendre à lire pour comprendre
ce qu'il faut transformer dans notre approche de l'agriculture.
C'est l'incorporation d'une déformation qui indique
qu'il y a faiblesse dans le sol, dans l'organisme vivant qu'est
le jardin.
La seule façon d'arriver à une guérison
réelle est de saisir le message que portent en elles
les bestioles ou herbes envahissantes et de travailler à
toujours reconstruire la santé du sol lui-même,
avec dévouement et constance. Car un terrain traité
aux pesticides, herbicides et fertilisants est fondamentalement
inapte à se maintenir en santé par lui-même;
de même l'homme qui posséderait tous les médicaments
nécessaires pour éliminer les maladies possibles
resterait essentiellement très faible, pauvre et desséché,
et de nouvelles maladies apparaîtraient toujours pour
lui indiquer les décadences de son âme!
En réalité, tout état corporel déficient
est conséquence d'une erreur logée dans l'âme
humaine. Par exemple, avant que les marchés d'alimentation
deviennent ce qu'ils sont aujourd'hui, il a dû se produire
un décalage entre la pensée humaine et la réalité.
La science matérialiste qui ne considère dans
ses investigations que l'aspect physico-chimique des aliments
en est venue à dire que tous les aliments sont constitués
de glucides, lipides, protéines, vitamines et minéraux
(sur le plan physique c'est juste).
Puis elle a recherché ce qui semblait être l'alimentation
équilibrée selon la quantité de chacun
de ces éléments absorbés. Mais ce qu'on
a littéralement perdu de vue, et même chassé
de notre regard sur le monde végétal et animal,
c'est la vie, le langage.
On ne remarque donc plus les différences fondamentales
entre -manger un fruit -manger une racine -manger du sucre
raffiné, car tous trois sont biologiquement essentiellement
glucidiques.
Mais les affinités entre chaque humain et chaque forme
végétale absorbée sont infiniment variées,
subtiles, et belles… À quoi ressemblent les
supermarchés aujourd'hui ? À un jardin qu'on
aurait presque entièrement vidé de sa vitalité,
décomposé en mille substances sophistiquées;
à un corps coupé de ce qui apporte cohésion
et santé à sa forme: la sagesse vivante qui
est l'élément interactif et qui ne peut être
saisie que par une pensée souple et vivante, attentive.
Mais la majorité des agriculteurs s'y prennent de
la même manière avec la terre que les médecins
avec le corps humain: on élimine les symptômes
de la maladie (insectes), par l'application de traitements
violents, qui renforcent le processus de destruction entamé
par la création d'un écosystème déficient.
Ainsi les ravageurs(insectes et symptômes) d'un côté
et les traitements (pesticides et médicaments) de l'autre
deviennent toujours plus puissants mais l'humain qui exacerbe
à demi-conscience cette guerre est placé au
centre de celle-ci; il est la terre qui perd sa vitalité
interne, ses propres forces; il est avec la Terre entière
la victime de ce combat dangereux qu'il engendre.
Dans ses profondeurs, il étouffe entre ravageurs et
traitements; c'est le fléau du cancer. Si on suit bien
le fil de ces pensées, la réflexion suivante
peut naître : l'agriculture biologique telle qu'elle
est pratiquée aujourd'hui suffit-elle à rétribuer
au sol toute sa force interne? Si l'attitude adoptée
face aux ravageurs reste la même et qu'on ne fait que
remplacer les substances chimiques par des substances naturelles,
je crois qu'il est juste de répondre: non.
Or si l'agriculteur adopte la disposition d'esprit caractérisée
dans cet essai par rapport à tout ce qui se manifeste
dans ses jardins, on est, je pense, sur la voie d'un oui.
Non seulement d'un oui pour la santé du corps de la
terre et du corps de l'homme, mais d'un autre grand oui qui
est celui d'une pénétration intime des forces
spirituelles humaines dans les secrets inhérents à
la Terre.
De cette manière l'agriculteur devient réellement
un artisan dont la fascination s'accroît nécessairement,
parallèlement à l'éveil graduel qui s'opère
en lui grâce à la rencontre de ses efforts de
connaissance appliqués avec les mystères infiniment
profonds de la Nature. Il va sans dire que l'Esprit de la
Terre reprendra vigueurs et bonheurs, fécondé
de toutes parts par l'amour ardent de l'Homme-Esprit!
Ici on rencontre l'agriculture biodynamique. Celle-ci n'est
pas tant un ensemble de connaissances qu'on peut acquérir
de la même manière que d'autres connaissances
et que l'on applique d'une manière uniforme pour obtenir
des résultats meilleurs. Elle consiste justement en
une transformation de la pensée et en un effort concret
et original pour la réalisation d'idées.
Quelqu'un peut ne jamais avoir entendu parler de l'agriculture
biodynamique, mais dans la vitalité de ses idées
et dans le dévouement plein d'amour pour la recherche
d'une harmonie toujours plus grande dans ses procédés
d'agriculture peut se révéler l'essentiel de
ce que recherche la biodynamie : l'interpénétration
des sagesses humaines et cosmiques. D'ailleurs beaucoup d'efforts
déployés dans le domaine de l'agriculture biologique
répondent à cet esprit (compagnonnage, purins,
compostage).
En réalité, ce que l'on doit apprendre à
réaliser pour retrouver l'essence de la guérison
n'a rien à voir avec le combat des symptômes
de la maladie. La vraie guérison se réalise
lorsque la tâche de la manifestation de la maladie est
comprise et prise en charge par l'humain, avant que la maladie
n'ait à le faire. On se retrouve donc face à
face avec la parole gravée au fronton du Temple de
Delphes et que l'on rencontre nécessairement quand
on choisit de croître sur le plan spirituel : "Connais-toi
toi-même". Toute forme vivante qui existe dans
le monde cache en elle un secret, un message. Tout dans le
monde a un rapport intime avec quelque partie de l'être
humain. À nous d'épanouir notre connaissance,
notre sensibilité et notre esprit créateur en
saisissant ce langage énigmatique du cosmos d'un oeil
nouveau...
Encore une fois j'encourage vraiment tous ceux qui désirent
connaître le cosmos et eux-même à s'initier
aux écrits, à l'approche anthroposophique. Je
n'ai indiqué que quelques pistes explorées par
cette science spirituelle; l'agriculture biodynamique, la
pédagogie Waldorf, l'eurythmie, etc. Ces activités
sont vécues dans le monde, élaborées,
mises en application dans le concret. Saisissons le langage
vivant de l'esprit à travers la nature et dessinons
les racines du monde à venir, duquel nous sommes les
sources naissantes, maintenant et activement !