Notre impact sur
notre environnement par Philippe Laramée En cette journée de chaud soleil printanier, le sous-groupe
des arts s'est réuni chez Marie-Eve à St- Jean-de-Matha.
Un lieu pour nous accueillir, non loin, en montagne, avait été
préparé à notre attention. Un cercle de
pierre pour retenir le feu avec, dans cette clairière,
un lichen turquoise, voire émeraude, traversé
par plusieurs teintes de vert. Au bout de seulement dix minutes d'occupation, ce lieu de pouvoir,
qui n'avait connu que très peu d'humains, était
marqué pour longtemps, de la trace de l'homme blanc de
la ville. Il fallait faire quelque chose pour préserver
ce lieu de magie car bientôt, ne resterait de cet endroit
qu'un vague souvenir, laissant place à la désolation
du piétinement de la botte de l'homme. Chaque pas soulevait
le fragile lichen qui poussait dans ce sol rocailleux... Un des aspects importants lors de l'implantation d'un écovillage
en milieu rural est la prise conscience de notre impact sur
notre environnement. Chaque mouvement a son impact, chaque pas
contient en soi, son germe de destruction. Voilà pourquoi
il est important de se sensibilisé dès le départ
à se déplacer en harmonie avec notre milieu. Il
faut toujours garder en tête notre impact, sans bien sûr
en faire une obsession. L'été, tout est vert et
seuls les herboristes peuvent déterminer si une herbe
a des propriétés intéressantes ou non.
Il est naturel de marcher, mais aménager des sentiers
(et les respecter) peut permettre de garder naturel un lieu
où une intense activité humaine a lieu. Le bois que l'on ramasse pour notre feu a aussi un impact,
les roches que l'on déplace ou que l'on utilise a un
impact, les arbres que l'on va abattre ont un impact. Il faut
connaître certaines règles de base concernant l'aménagement
d'un lieu naturel pour que le bois utilisé soit bénéfique
à la forêt. La gestion de l'eau, la pollution des
rivières qui en résulte, peuvent avoir des conséquences
catastrophiques sur la santé et l'harmonie de notre éco-
village. La première étape de notre aménagement
fut d'instaurer une ceinture de roches autour de l'aire de feu
pour contenir nos pas destructeurs. Nous avons ensuite fait
un consensus sur les endroits où il était permis
de marcher et les endroits que l'on désirait préserver. Une première route fut bâtie grâce aux pierres
ramenées de la carrière. Les plus belles pierres
servirent à Maxime pour nous bâtir des Inukshuk
à l'entrée du lieu de pouvoir. Un deuxième lieu de travail fut aménagé
pour accueillir et transformer le bois qui allait alimenter
le feu. Une perche fut placée perpendiculaire à
deux arbres, pour servir d'abri lors d'éventuelles intempéries. Le feu est le coeur d'une maison, d'un territoire, voire d'une
civilisation. Sans la découverte du feu, nous serions
probablement encore à l'age de pierre. Il est important
de vouer un respect au feu et de savoir comment le garder sous
contrôle. Depuis la cueillette du bois, de sa forme de départ,
du souffle de vie de son créateur, jusqu'au brasier,
en passant par la chaleur et la lumière pour terminer
en cendre... le feu est une entité vivante en soi et
il nécessite une attention et des soins constants. Si on fait un feu d'éclairage, le petit bois sec est
plus approprié; si c'est un feu de chaleur, les grosses
bûches sont conseillées à long terme; si
c'est un feu de cuisson, c'est la braise qui est importante.
Et quoi dire du vent qui peut souffler de dangereuses étincelles
et la fumée qui nous harcelle et nous force à
nous mouvoir constamment... Il est aussi intéressant de se servir du soleil comme
source de chaleur. Choisir un site qui favorise le soleil, surtout
dans les périodes transitoires qui sont le printemps
et l'automne. Etre conscient de son environnement est un pas vers l'intégration
de l'homme avec son milieu. L'homme contemporain n'a pas su
s'adapter à la forêt; il a voulu qu'elle s'adapte
à lui... il l'a d'ailleurs rasée... Si on ne veut pas commettre les mêmes erreurs que nos
prédécesseurs, il est de notre intérêt
de connaître les règles de vie du milieu pour tenter
d'en faire le plus possible partie. Nous ne somme pas l'unité de mesure de l'univers. Il
y a des formes de vie, plus petites que nous qui habitent des
endroits que l'on aurait peine à croire. Dans nos écovillages, il serait intéressant de
laisser quelques lieux dans leur état sauvage. Ne pas
les aménager, laisser la nature comme elle était
avant notre arrivée. Je crois que l'on a beaucoup à apprendre des expériences
des Rainbow passés. Comment ils ont aménagé
leurs cuisines, comment ils ont aménagé leurs
toilettes, comment ils font la gestion des eaux grises... Je
crois qu'il serait intéressant de faire des recherches
dans ce sens. L'expérience vécue à St-Jean-de- Matha avec le sous-groupe des arts nous a fait prendre conscience de notre impact sur notre environnement. Soyons attentifs et restons vigilants! |