Septembre est le début de notre cycle. C'est en
septembre que la première réunion eut lieu.
C'est en septembre que quelques-uns d'entre nous eurent
cette vision de fonder une communauté écologique.
Depuis lors, bien des choses se sont passées. Voici,
résumées dans cet article, les réalisations
qui ont été accomplies dans la dernière
année, histoire de bien méditer, les actions
qu'il faut maintenant effectuer pour l'année qui
s'en vient. Pour faciliter les futurs bâtisseurs
d'écovillages, voici le parcours matériel
que nous avons réalisé jusqu'à maintenant.
Les relations humaines et l'évolution spirituelle
ont été volontairement omis de ce texte,
car ils feront l'objet de plusieurs articles dans le prochain
numéro.
La naissance de notre groupe
Notre groupe prit naissance lors d'une fête
qui eut lieu chez Marie- Noël et Simon pour célébrer
l'anniversaire de Simon, Gabriel et Manuel. Spontanément,
on s'est ouvert sur le sujet du retour à la terre
puisque tout le monde avait cet objectif en vue. Tout
le monde semblait prêt à faire quelque chose
et Manuel a proposé qu'on se réunisse à
chaque mois, pour faire avancer et consolider le projet
de groupe et ainsi, apprendre à vivre ensemble.
Une des premières activités fut le cordage
de cinq cordes de bois qui étaient en tas près
de la grange. En l'espace de trente minutes, on avait
cordé les cinq cordes de bois. Ce fut une sorte
de signal pour nous dire que oui, le travail de groupe
était possible.
Jeunes Volontaires
Ulysse fut l'instigateur de ce projet, en proposant
à ceux qui étaient libres des contraintes
du travail, de participer au projet Jeunes Volontaires.
Un budget de 12 600 $ (pour les 7 participants au projet)
nous fut donné pour la réalisation d'un
guide de références sur la faisabilité
des écovillages au Québec. Le choix du projet
nous était laissé, mais une fois devant
le comité-conseil, le guide de références
était une, sinon dans notre cas, la façon
de faire accepter le projet auprès d'Emploi-Québec.
En plus du budget initial, chacun d'entre nous reçoit
une allocation de subsistance, en plus de payer une partie
des frais de déplacement et de garderie (voir l'article
sur Jeunes Volontaires à venir dans le numéro
trois).
Groupe d'achat
Suite à l'initiative de Alek et Leela, un groupe
d'achat fut formé avec la Coopérative d'Alentour.
Le groupe d'achat nous permet d'avoir des prix raisonnables
pour des aliments de qualité. Il y a une date limite
pour envoyer les commandes et la livraison se fait à
un point de chute donné, généralement
chez Leela(voir l'article d'Ariane: Groupe d'achat de
nourriture saine, à la page 79).
Liste téléphonique
Pour faciliter les échanges, une liste téléphonique
fut créée. Bien modeste au départ,
cette liste comprend maintenant plus de 50 personnes qui
ont activement, ou passivement influencé l'évolution
de notre groupe. Un bottin de contacts est en train de
voir le jour pour nous permettre de savoir qui connaît
qui.
Les réunions en grand groupe
Pour que la vision devienne éventuellement
réalité, la coutume des réunions
mensuelles a vu le jour. Alternant des rencontres entre
la ville et la campagne, c'est le moment d'échanger
nos visions, de nous réunir en sous-groupes d'intérêts,
de partager le fruit de nos actions, de parler des recherches
effectuées pendant le mois.
Les cercles de parole
Le cercle de parole est l'occasion de parler de ce
que l'on ressent à tous. C'est un moment d'écoute
et de partage qui libère généralement
les tensions, qui autrement, seraient restées en
état latent. Personne ne peut nous juger, on ne
peut qu'écouter activement ce que les autres ont
à nous partager (voir l'article de Simon sur Les
cercles de parole dans le numéro trois).
Les potlachs
La coutume du potlach vient des amérindiens.
Chaque personne apporte un plat cuisiné pour le
partager avec le groupe. Puisque la majorité des
personnes de notre groupe sont végétariennes,
ce fut l'occasion pour ma part, de me familiariser avec
la bio-diversité, une expérience de transformation
culinaire assez intense d'ailleurs!
Jam
Les rencontres en groupe sont aussi l'occasion de
faire la fête et de jammer, car la plupart d'entre
nous sont des musiciens ou des mélomanes. Que ce
soit avec des instruments improvisés, ou des éléments
de décors à tapocher, une joyeuse fanfare
et de cacophoniques mélodies se créent spontanément
lors des soirées de nos réunions.
La lenteur de certaines réunions
Pour se réunir en grand groupe, il faut accepter
que ça aille beaucoup plus lentement. Parfois,
les réunions se sont étirées sur
plusieurs heures, nous laissant vidés de toute
énergie. Il faut aussi prévoir une bonne
ventilation, surtout l'hiver, car trente (30) personnes
dégagent beaucoup de gaz carbonique.
Tout vouloir faire dans la même fin de semaine
Un des grands problèmes selon moi, est le fait
que l'on veuille tout faire dans la même fin de
semaine. On en retire généralement un sentiment
de plénitude, paradoxalement accompagné
d'épuisement. Les rencontres nous nourrissent et
nous donnent l'occasion de nous connaître, car plusieurs
ne se connaissent pas réellement. Je considère
que partir en écovillage sans connaître profondément
les gens est une bêtise.
Les réunions de structure de réunions
Un autre problème rencontré, les réunions
de structure de réunions qui n'en finissaient pas.
On entend par ce type de rencontre, des réunions
pour parler de la façon de faire les réunions.
Ce fut un des éléments pénibles de
notre parcours. Aujourd'hui, on se rencontre pour faire
des réunions de contenu qui sont beaucoup plus
dynamiques. On se rencontre en sous-groupes de travail
et on développe certains aspects de nos projets.
Manque d'organisation
Le manque d'organisation est une des grandes lacunes.
Nous sommes les éléments marginaux de cette
société rigide et cartésienne et
plusieurs d'entre nous ont de la difficulté à
cadrer dans une organisation. Résultat: plusieurs
personnes qui sont des leaders naturels ne se sentent
pas à l'aise de prendre des initiatives, de peur
de bousculer les gens ou de provoquer des réactions.
C'est un des grands défis que notre groupe a à
réaliser. Comment faire pour proposer les choses
sans qu'une personne se sente dominée ou manipulée
? Comment faire pour que les choses se fassent d'elles-mêmes
?
Les réunions avec les enfants
Plusieurs personnes de notre groupe ont des enfants
en bas âge. On a dû s'adapter à cette
réalité. Pour ce faire, nous avons développé
une technique qui permet de faire la rotation des influences
lors de nos réunions, pour enlever la responsabilité
unique de la mère (ou du père de l'enfant).
À tour de rôle, chaque personne du groupe
s'occupe d'un ou de plusieurs enfants, pendant que les
autres continuent la réunion. Lorsque la personne
qui s'occupe des enfants revient, un rapide compte rendu
lui est donné et il- elle peut donner son opinion
sur les grandes questions qui furent traitées.
Finalement, nous avons beaucoup à apprendre pour
arriver à faire des réunions vraiment constructives.
En tâtonnant, en faisant nos expériences
et en partageant les erreurs et les succès des
expériences passées, on va finir par être
productifs avec une structure de réunion qui sera
souple et structurée et qui permettra de faire
évoluer notre projet dans ses cadres.
Aube, le mensuel des villages écologiques
Né du besoin de passer un message au groupe
autrement que par la voie orale lors de nos interminables
réunions, j'ai initié le concept du bulletin,
qui s'est transformé au fil des numéros
pour former le mensuel que vous tenez entre les mains.
De quatre feuilles imprimées recto-verso, brochées
et imprimées en colonnes, il est devenu une oeuvre
collective, première réalisation de groupe,
où chacun apporte son essence dans le but d'en
faire profiter à tous.
Le mensuel est une partie importante du Guide de références
qui sera publié dans le but de partager avec tous
les gens désireux de fonder des éco- villages
de par le monde. Il sera publié à la fin
de notre mandat avec le projet Jeunes Volontaires.
Aube constitue une collaboration et l'union de plusieurs
personnes pour sa réalisation. Chaque personne
est rémunérée selon son degré
d'implication, sans distinction du type de travail effectué.
Que ce soit la mise en pages, la création d'illustrations,
l'écriture ou la distribution, peu importe le travail
accompli, la rémunération se fait sur la
même échelle: le nombre d'heures travaillées.
Création des Éditions de La Plume de
Feu
Ce rêve qui m'habite depuis plusieurs années
est maintenant concrétisé. Les éditions
de La Plume de Feu est une maison d'édition qui
a plusieurs projets novateurs dans le domaines des jeux
de rôle, jeux de société et grandeurs-natures,
ainsi que dans le domaine du guide de voyages alternatifs
et dans le domaine de la littérature de fiction.
L'approche interactive de la maison d'édition est
une des caractéristiques qui fait sa particularité.
Aube est un laboratoire pour moi et j'ai appris lors de
la réalisation de ce mensuel, les aspects nécessaires
à ma future carrière d'éditeur.
La bibliothèque collective
Une grande part du budget reçu du programme
Jeunes Volontaires a été investi dans l'acquisition
de livres pour enrichir le document de références.
Pour mieux gérer les livres en circulation, un
système de classification a été créé
afin de savoir à tout moment, où se trouve
chacun des livres de la bibliothèque collective.
Une fois l'organisme sans but lucratif créé,
cette bibliothèque servira aux futurs constructeurs
d'écovillages, via un système de prêts
et d'échanges.
Groupe de discussion et porte-documents
Internet est un outil vraiment intéressant
dans la diffusion de l'information et le suivi des activités.
Pour que cet outil soit fonctionnel et efficace, il faut
aller voir ses courriels régulièrement sinon,
on se retrouve avec plein de courriels et d'informations
périmées. Le groupe de discussionest aussi
très intéressant pour envoyer des courriels
à toutes les personnes abonnées.
Le porte-documents est un espace web gratuit où
il est possible de laisser des fichiers. Pour aller chercher
ces fichiers, il suffit d'aller sur le site et de télécharger
les fichiers désirés. Je conseille d'utiliser
le format .rtf pour que tout le monde puisse ouvrir les
fichiers sans problème.
La création d'une adresse de courrier électroniquepour
conserver tous les messages du groupe de discussion et
mettre ainsi une adresse de courriel à la portée
de tout le monde (y compris les personnes n'ayant pas
de courrier électronique). Je conseille d'utiliser
n'importe quel service de courrier à l'exception
de Hotmail. La limite d'espace est seulement de 1 MO et
leur politique est très discutable. Pour notre
part, nous utilisons yahoo et les polluriels y sont inexisants.
Tout le monde utilise le même nom d'usager et le
même mot de passe pour cette adresse de courrier
électronique.
La dispersion estivale
L'été, avec ses voyages, ses activités
et ses attraits, est le moment de choix pour accomplir
maintes activités. C'est aussi le moment idéal
pour construire un écovillage. Notre groupe s'est
dispersé pendant une période d'environ deux
mois, avant de reprendre vie pour le mois de septembre.
Le rainbow est aussi un événement très
prisé durant notre été (voir l'article
de Leela: Le rassemblement de l'Arc-en-ciel).
Construction de l'entrepôt
Un des grands volets de notre projet est la récupération
de matériaux de construction. Que ce soit les plateaux
de tournage de cinéma, ou les vieilles granges
en ruine, en passant par la folie du déménagement
à Montréal, c'est l'abondance! Pourquoi
laisser se gaspiller toutes ces précieuses matières
premières? Mais avant de penser à récupérer,
il faut avoir un endroit pour abriter les matériaux.
Nous avions entrepris la construction d'un entrepôt
chez Gabriel, mais le projet a avorté, voyant la
précarité de la situation de Gabriel et
Isabelle, qui songent peut-être à déménager
de St- Marcel. Nous avons opté plutôt pour
le nettoyage d'une des granges du père de Gabriel,
qui proposait une solution à plus long terme.
Rencontre du sous-groupe des arts chez Marie- Eve Lors
de la rencontre du sous-groupe des arts, nous avons aménagé
un espace sacré plus haut dans la montagne. Je
vous laisse le soin de vous reporter à un article
que j'ai écrit, intitulé Notre impact sur
l'environnement.
Semaine de camping chez Roger
Pendant l'été, nous avons créé
une communauté spontanée sur la terre de
Roger à Ste-Béatrix. Pendant plus d'une
semaine, nous avons partagé les hauts et les bas
que comporte la vie en communauté. Ayant à
notre disposition un petit chalet qui nous a servi à
confectionner notre nourriture, nous avons aménagé
l'endroit pour le rendre sécuritaire pour les enfants
et pratique pour les réunions en groupe.
Recherche d'un local
Nous sommes aujourd'hui à la recherche d'un
local pour abriter non seulement notre groupe, mais aussi
pour partager avec d'autres associations, notamment le
Parti Vert de Montréal et RÉUNIC (voir la
présentation dans le numéro trois). Si vous
connaissez l'existence d'un tel bâtiment, vous pouvez
nous contacter via les coordonnées à la
fin de ce mensuel.
Création d'un OSBL ou d'une fondation
Pour mener à bien notre oeuvre, nous sommes
en train de faire la création d'une charte, en
vue de la réalisation d'une fondation, visant à
aider à la formation d'écovillages. La fondation
va gérer la bibliothèque collective, valoriser
les valeurs écologiques, participer à la
création d'écovillages au Québec
et diffuser l'information amassée au fil de nos
recherches.
Conclusion
Cette première révolution autour du
soleil fut l'occasion de bien des compréhensions.
Ma constatation première est que construire un
éco- village est un projet de bâtisseurs.
Il faut réussir à matérialiser l'essence
de l'idée rêvée en accomplissant chaque
jour un pas qui nous rapproche de sa réalisation.