Aspirant à la vie en communauté, au travail collectif
et à des aspirations de groupe, voici les notions de base que
vous devez connaître avant de vous lancer dans tout type de
travail en petit groupe. Cette expérience, j'ai été
la chercher lors d'un cours intitulé Laboratoire d'initiation
au travail de petit groupe donné à l'UQAM. Ce cours
pratique est échelonné sur trois fins de semaine intensives.
La professeure, mettant surtout l'accent sur l'expérience acquise
tout au long de notre formation, a divisé la classe en quatre
sous-groupes de six personnes. Comme le titre du cours l'indique,
ce laboratoire est donné pour nous faire vivre des situations
de travail d'équipe.
Dès les premiers instants de notre coopération, quelques
problèmes sont survenus sur la façon de procéder
pour réaliser les exercices demandés. Tout au long de
notre expérience, nous sommes allé chercher quelques
clés auprès de notre professeure pour nous aider à
traverser quelques situations de consensus et de résolution
de conflit.
Ce fut donc très intéressant de constater que les défis
vécus tout au long de l'année passée à
travailler sur le projet d'écovillage avec mes collaborateurs
se sont manifestés dès les premiers instants de notre
participation au sein du sous- groupe fraîchement constitué.
Ce qui m'a confirmé que les difficultés rencontrées
était inhérentes et normales dans l'évolution
d'un groupe. Voici donc les grands thèmes que nous avons abordés
tout au long de cette fin de semaine.
La cible commune
Lorsque plusieurs personnes sont ensemble dans un but précis,
soit l'accomplissement d'une tâche, il y a formation d'un groupe
d'intérêt. Lorsque plusieurs personnes se rassemblent
sans partager le même objectif, on peut appeller cela un rassemblement
de personnes ou un regroupement, mais on ne peut employer le terme
de groupe. Le partage d'une cible commune est primordial dans la réalisation
d'un objectif. Si la cible est floue ou mal définie, le groupe
se retrouve mal orienté, il se cherche une identité
et une cause pour mener à bien ses desseins. Il y a donc ceux
qui adhèrent à la cible commune et ceux qui n'y adhèrent
pas, ce qui distingue les membres des non-membres.
La naissance d'un groupe tient du fait de la clarification de cette
cible commune et d'un désir qu'ont les participants d'interagir
pour son accomplissement. Lorsque les membres ne se sentent pas suffisamment
appelés par les objectifs, si la cible ne satisfait pas tous
les participants, ou s'il y a un désintéressement vis-à-vis
de cette cible, on a affaire à un groupe mort-né.
Il faut que chaque personne trouve sa motivation personnelle et justifie
l'énergie que requiert l'investissement dans l'accomplissement
de cet objectif. Il faut aussi que la cible soit essentielle à
la mobilisation des membres du groupe de travail, chaque personne
étant portée à se positionner dans le groupe
et à accomplir une tâche spécifique.
Le groupe: une entité vivante
Le groupe est une totalité dynamique, un organisme vivant
dans le sens où il y a relation entre ses membres et la cible.
La relation entre les participants et le rôle qu'occupe chaque
personne dans le groupe sont autant de parties d'un organisme qui
interagissent entre elles pour accomplir ce pour quoi il a été
créé. Il y a certaines normes qui délimitent
l'appartenance au groupe et son évolution vers l'accomplissement
de ses objectifs.
Le groupe, tout comme une entité vivante, naît, généralement
accompagné d'une courte période d'euphorie, traverse
une période de croissance, atteint sa maturité et meurt
finalement lorsque la cible est atteinte.
Trois notions sont importantes lors de la naissance d'un petit groupe.
Il s'agit premièrement de l'ancrage: c'est le moment où
chacun s'évalue intérieurement. Vient ensuite la prise
de contact avec les autres membres du groupe, puis le contratqui détermine
les règles du jeu et les bases de la collaboration. Chacun
de ces aspects est très important dans le développement
et dans l'épanouissement d'un groupe.
Les trois types d'énergies
Un groupe est composé de trois types d'énergies
qui sont autant importants dans l'atteinte du but recherché.
Il s'agit de l'énergie de production quipermet aux individus
composant un groupe de travailler à la réalisation du
travail et de l'exécution de la tâche à accomplir.
C'est le besoin de créer. Il y a aussi l'énergie de
solidarité qui est la transformation de l'énergie affective
de chaque membre du groupe en énergie de coopération.
Elle est caractéristique de la relation émotionnelle
que peuvent partager les participants. C'est le besoin d'aimer et
d'être aimé. Il y a, en dernier lieu, l'énergie
d'entretien qui permet de faire la gestion des conflits qui surviennent
au sein d'un groupe.
La perception et la communication
La perception que chacun a d'une situation est primordiale. C'est
à partir du champ perceptif de chacun que seront influencés
les premiers balbutiements relationnels des personnes qui formeront
un groupe d'intérêt.
Si le champ perceptif de chacun des membres d'un groupe se retrouve
en état de conflit, (ce qui inclut les émotions, les
sentiments, la pensée, l'intelligence, la volonté, les
expériences passées, le vocabulaire utilisé,
etc...), il risque fort de compromettre l'existence même de
la naissance d'un groupe, plus particulièrement un groupe où
les participants ne se connaissent pas. Il est très important
de valider sa perception avec celle des autres. Par exemple, prendre
en considération la perception de chacun sur la définition
de la cible.
La communication est un ensemble systémique qui comprend plusieurs
facteurs. La communication inclut les références culturelles
et idéologiques des personnes qui vont interagir dans le groupe.
Il faut aussi prendre en considération les valeurs, les croyances
et les opinions car tous ces facteurs vont influencer la bonne communication
entre les participants. La communication est un partage, elle est
essentielle à tout individu.
"Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois
dire, ce que je dis, ce que vous voulez entendre, ce que vous entendez,
ce que vous croyez en comprendre, ce que vous voulez comprendre et
ce que vous comprenez, il y a au moins neuf possibilités de
ne pas se comprendre."
La maturité d'un groupe
Lorsqu'un groupe devient mature et qu'il traverse plusieurs phases
de gestion de conflits, il acquiert cette maturité qui lui
permet de triompher des obstacles inhérents à la réalisation
d'une cible commune. Un groupe mature n'est pas un groupe sans conflits,
c'est un groupe qui sait les gérer et y faire face. C'est aussi
un groupe capable d'arriver à un consensus. L'harmonie d'un
groupe n'est pas nécessairement synonyme de maturité.
La compréhension des processus de fonctionnement de l'énergie
de production, de solidarité et d'entretien permet au groupe
de comprendre les processus internes de sa dynamique et permet de
déjouer certains pièges normaux à son évolution.
Lors de l'arrivée d'une nouvelle personne, ou lors de la formation
d'un nouveau groupe, la prise de contact avec cette nouvelle réalité
est très importante pour créer le sentiment d'appartenance
de cette nouvelle personne au collectif.
Conclusion
Le travail de petit groupe n'est pas inné, cela prend des
bases, des connaissances et de la volonté pour y arriver. Ce
cours nous permet de vivre concrètement des situations auxquelles
font face tous les gens vivant des expériences de groupe. Ce
fut une première fin de semaine de cours intense, mais très
enrichissante. J'anticipe la prochaine avec beaucoup de confiance
et une nouvelle maturité. Je sens que ça solidifie déjà
les relations que j'ai avec mes différents collaborateurs.
Références
SAINT-ARNAUD, Yves, Les petits groupes. Participation et communication, Les presses de l'Université de Montréal, 1978.
Recueil de textes Laboratoire d'initiation au travail en petit
groupe, COM 1105. Disponible à la Coop de l'UQAM