De l'alternative...
par Mylène Picard Dans la vague d'un éventuel Guide québécois des ressources alternatives, je suis amenée à me demander ce que représente pour moi l'alternative. Quel écho peut-elle générer dans mon être? Devant une telle problématique, je trouve intéressant de réfléchir d'abord sur l'histoire sémantique du mot en question. La définition première du nom "alternative"
est l'alternance, ou la "succession répétée,
dans l'espace ou dans le temps, qui fait réapparaître
tour à tour, dans un ordre régulier, les
éléments d'une série" (Petit
Robert). Selon cette explication, on pourrait penser à
l'alternative comme à un retour de balancier après
trop d'excès. Puis, à partir du XVIIe siècle,
on parle de "situation dans laquelle il n'est que
deux partis possibles". En logique, l'alternative
est un "système de deux propositions dont
l'une est vraie, l'autre fausse, nécessairement".
Ici, on pourrait croire qu'il faut l'alternative ou rien
du tout. Enfin, le sens qui nous intéresse probablement
- "solution de remplacement" ou chose "qui,
par sa pratique, s'oppose aux choix imposés par
les sociétés industrielles et technologiques
(sens plus étroit de l'adjectif alternatif)"
- viendrait de l'anglais "alternative" et, fait
surprenant, son emploi est critiqué. Selon ces
dernières idées, on pourrait aussi dire
que l'alternative s'exerce Paradoxalement, ce n'est pas ce troisième sens
que je donnerais à l'alternative. Effectivement,
celle-ci ne doit pas chercher, selon moi, à remplacer
un modèle qui n'aurait pas su faire ses preuves.
Elle n'est pas là pour tenter de remplir autrement
un même mandat, comme on mettrait une autre assiette
à celui qui viendrait de casser la sienne. Cette
nouvelle assiette risquerait tout autant de finir cassée.
Philosophiquement, la croyance en Dieu et l'athéisme
sont une seule et même position. L'alternative a
donc une prétention plus radicale. Elle serait
le troisième élément qui naît
de l'union des contraires, le fruit sans étiquette.
L'alternative n'est pas une position politique; elle est
une action responsable, c'est-à-dire qui tient
compte de cet accomplissement global de l'être que
nous semblons rechercher. Elle ne serait ni l'oeuf ni
la poule. Comme dirait Luc Bergeron de L'Amitient, Je pense qu'en donnant accès aux personnes et aux ressources, le Guide québécois des ressources alternatives et Aube permettront l'émergence d'un réseau soutenant l'individu. Ils faciliteront chez celui-ci l'éclosion de la liberté responsable, c'est-à-dire de la liberté d'exercer par lui-même son pouvoir de vivre et de s'accomplir. La communauté devient le théâtre de l'exercice de cette liberté. Voilà la route qui s'éclaire peu à peu devant moi et que j'ai envie d'emprunter. Je vous invite à partager vos réflexions sur ce qu'est pour vous l'alternative. Cela nous aidera certainement à préciser ce que nous sommes en train de créer. |